Si on devait m'attribuer une particularité, outre la lentille qui me sert de grain de beauté à coté de l'oeil, ce serait l'amour. Je suis constamment amoureuse ; à n'en plus savoir quand pour la dernière fois je ne l'étais pas, ce devait être au tout début du collège, en sixième peut-être, depuis il y a nécessairement quelqu'un qui hante mes pensées dès que mon esprit décide de vagabonder ailleurs que ce sur quoi on lui demande de se concentrer.
C'est merveilleux quand on y pense, tout ce à quoi j'aspire, tout ce qui me donne satisfaction dans la vie, c'est l'amour, grâce à cette possibilité que j'ai d'aimer autrui plus que moi-même, puisque presque toujours au détriment de moi-même. Mais c'est surtout beaucoup de souffrances. Car si Raphaël m'a lui aussi donné de l'amour, ceux que j'ai réellement aimé avant lui ne me connaissaient même pas. Et Raphaël m'ayant quitté, l'amour n'est plus que douleur, que désespoir et déchirement.
Voila pourquoi je vais voir une psychologue. Parce que cet amour, cette phénoménale quantité d'amour, que je garde en moi, ne doit pas être réprimé, et surtout pas étouffé, ce serait renier tout ce que je suis et tout ce que j'ai. Je suis comme Jésus (
Jésus trou du cul ! –
blasphème power ! – pardon...), je ne suis qu'amour. Et pour apprendre à vivre, avec cette masse bouillonnante à l'intérieur de moi, il faut simplement que j'apprenne à la transformer. C'est pour ça que je vous parle de devenir amie avec Raphaël ; je ne pense pas qu'on doive parler de "devenir" dans ce cas là, car l'amitié était comprise dans notre relation, disons qu'il me faut ne rester que son amie. Certes, tout ça ne sera qu'apparence, car vous comprenez bien qu'en mon coeur, l'amour restera palpitant durant de longs mois, et je pense même éternellement car il reste bien en moi quelque étincelle du précédent amour que j'ai voué audit Muf (
mais tout ceci est une autre histoire) alors que jamais celui-ci ne m'a adressé plus qu'un regard ; imaginez alors après plus de 4 ans d'amour partagé avec Raphaël. Je ne sais combien de temps je vais l'aimer, mais je sens que ça va se prolonger, se prolonger.
Mais la clef maintenant, pour ne plus souffrir comme j'ai souffert ces 5 ou 6 dernières semaines, et ça fait déjà plus de deux semaines que je mets le truc en pratique, c'est de laisser revenir l'amour inconditionnel. Celui que je vouais aux précédents garçons. Cet amour non partagé, ce besoin de simplement les voir avec les yeux, de les aimer qu'ils aient une autre fille dans leurs bras ou non, sans qu'ils ne le sachent. Raphaël sait, lui, que je l'aime et l'aimerai toujours, mais ce que je recherche maintenant c'est son bonheur.
Vous me dites de penser à moi ; c'est ce que je fais. Je tente de me reconstruire, de me construire une vie en oubliant mes peurs, en oubliant qu'il n'est plus là pour veiller sur moi, pour me prendre dans ses bras le soir, me rappeler qu'il m'aime et que donc je peux m'endormir sans crainte, pour me redonner confiance en moi au quotidien. Il ne me reste plus qu'à compter sur moi. Mais le fondement de moi-même étant l'amour qu'il me faut sans cesse donner, qu'il me faut placer en quelqu'un pour ne pas me renier moi-même véritablement, je dois accepter le départ de Raphaël avec sa belle, accepter qu'il ait besoin de vivre autre chose, accepter malgré la jalousie, malgré la douleur, malgré l'abandon. Parce que c'est ça l'amour après tout. C'est ne chercher que le bonheur de l'autre ; et s'il pense trouver le bonheur ailleurs, alors soit.
Tout ce qu'il faut c'est qu'il garde à l'esprit que s'il a besoin de quelqu'un à qui parler, de bras pour le consoler, d'un endroit où se reposer, je serai toujours là ; et jusqu'à ce que quelqu'un vienne m'ôter tout ça de la tête, nos rêves, nos enfants, notre maison, notre vie et notre amour, sont en moi, il n'aura qu'un pas à faire, une promesse, un baiser et une étreinte, et tout sera pour lui de nouveau.
C'est comme ça que je me sens bien. C'est comme ça que je serai heureuse. Notre affreux Jésus, il a bien pardonné aux glands qui l'ont crucifié, il le savait qu'ils feraient ça, mais finalement il est content non ? (
c'est une véritable question, parce que la Bible et moi ça fait deux...) Me voila donc plongée dans l'amour inconditionnel, dans l'amour pour lui plus que pour moi, dans l'amour au stade d'essence plus que de but. Et, autant vous le dire, ma psychologue est fière de moi. En une semaine, du 7 janvier au 14 en fait, avant de prendre même mon premier anti-dépresseur, j'avais déjà accompli le plus gros du travail sur moi-même.
Autant dire que je suis sur la voie de la guérison, malgré une douleur tout de même sous-jacente, que les médicaments m'aident à garder enfouie. Car même quand on a trouvé un but, quand on sait ce qu'il nous reste à faire, la blessure reste et j'en suis toujours à attendre un début de cicatrisation concrète (
c'est là que je croise les doigts pour pas être hémophile du coeur...)