Cette nuit j'ai enchaîné les cauchemars. A partir de 4 heures, et jusqu'à 1o heures, je me suis réveillée paniquée trois fois. Ce n'est pas peu. Normalement je dors d'un sommeil de plomb et me réveille à 8h. En tout cas, le premier de cette série est celui qui m'a le plus foutu les chocottes.
C'était la nuit. J'étais seule à la maison et devais tout fermer avant d'aller au lit. Je ne voyais rien. J'avais beau allumer toutes les lumières sur mon passage, il n'y avait dans l'air, presque palpable, qu'une pauvre lueur vedâtre qui ne permettait de distinguer que le minimum. Je suis allée à la salle de bain pour prendre mon lapin, mais quand j'en suis revenue, les portes étaient toutes fermées. Le chien était attaché avec sa laisse, mais à l'intérieur de la maison. J'ai commencé à avoir peur. Et je n'y voyais rien. Qui avait fermé les portes et attaché Phalcor ? Je serrai fort fort Sherlock contre moi en me disant que mon R. était sûrement là et qu'il devait être l'auteur de ces actes. J'ai alors entrepris de monter les escaliers. La télé, en bas, était allumée, une fois le lapin en haut, je devrais aller l'éteindre. Mais il faisait si noir que j'avais du mal à distinguer les marches. Redoutant ce que j'allais y découvrir, j'ai ouvert ma chambre et regardé mon lit. J'ai vu une longue masse noire, comme un duvet, sur mon lit, et qui a semblé se retourner pour me regarder. J'ai hurlé et jeté le lapin par terre dans ma frayeur. Alors qu'en même temps, je savais que ce truc était mon R.
Et je me suis réveillée.
C'est terrible. Ça peut paraître n'être qu'un rêve tout bête, ou du moins un cauchemar bien gentillet, mais j'étais traumatisée. Déjà on retrouve le gros topos de tous mes cauchemars ; il fait noir, et les lumières ne s'allument pas, ou très peu. Le pire, c'est que maintenant que ma mère a installé des ampoules économiques un peu partout dans la baraque, l'ambiance effroyable de mes rêves se retrouve dans la réalité, le soir généralement, et rien qu'en traversant la cuisine pour aller faire pipi, je panique. C'est bête.
Comme d'habitude il y avait ma voix-off qui commentait le rêve petit à petit. Mon coté rationnel s'immisçait pour relativiser la chose et atténuer le traumatisme. "Les lumières vont s'allumer, ce n'est qu'une question de secondes" (on retrouve le coup des ampoules économiques, avant je ne pouvais pas relativiser avec ça, je flippais encore plus, même si dans mon rêve je sais bien dans le fond que ce n'est pas une question d'ampoules...) ; "il doit y avoir R. dans la maison, c'est lui qui a tout fermé, pour t'avancer" (mais je ne vois pas pourquoi moi R. aurait été là, chez mes parents, sans que je le sache) ; "papa et maman ont dû laisser la télé allumée, tu redescendras avec la lampe de poche, elle doit bien marcher elle" (avec la télé on voit le coté The Ring et le poste qui s'allume tout seul) ; "il y a R. dans la chambre, il ne faut pas s'inquiéter, c'est lui sur le lit" (il n'avait pas de visage, impossible de le savoir, et puis il ne dormirait pas dans un duvet...)
La conclusion est que ce n'était pas lui.
R. n'était pas là.
Mais quelqu'un, une chose, noire et terrible, était là.
Quelqu'un, quelque chose, qui avait fermé les portes, retenu mon chien en bas en l'accrochant avec la laisse, laissé la télé allumée comme je le déteste pour me glacer d'effroi. Quelque chose qui m'attendait dans mon lit et m'a poussée à lancer par terre mon lapin si fragile et à hurler comme jamais.
Et si je ne m'étais pas réveillée ?
J'aurais vu ce que c'était.
Mon coté conscient a voulu me préserver. Il a choisi le réveil a l'horreur.
S'il n'y avait pas ma propre voix pour me soutenir parfois, ni pour me réveiller, car je suis sûre que c'est ce qu'il se passe dans ces cas là, je subirais des traumatismes nocturnes terribles. Le pire là-dedans c'est que tout est sous-entendu, rien n'est explicite. Mais le fait que ma voix me dise quelques mots réconfortants, je préssens que c'est l'inverse qui tient lieu de réalité. Dans le rêve bien sûr.
Le pire là-dedans c'est que personne ne connaît mieux mes propres peurs que moi, que mon cerveau, d'où elles naissent. Et cette saloperie de voix qui fait mine de me soutenir la nuit, n'est-elle pas ma pire ennemie, la source de toutes ces craintes ? C'est elle qui fait naître les rêves et joue avec mes nerfs... la garce.
N'auront pas refété l'Enfer,
Et qu'en un cauchemar sans trêves,
Songeant de poisons et de glaives,
Éprise de poudre et de fer,
N'ouvrant à chacun qu'avec crainte,
Déchiffrant le malheur partout,
Te convulsant quand l'heure tinte,
Tu n'auras pas senti l'étreinte
De l'irrésistible Dégoût,
Tu ne pourras, esclave reine,
Qui ne m'aime qu'avec effroi,
Dans l'horreur de la nuit malsaine,
Me dire, l'âme de cris pleine,
"Je suis ton égale, ô mon roi". >>
Pardonnez s'il y a des fautes dans le poème, je n'ai pas appris les ponctuations et j'ai la flemme de vérifier. Je préfère aller capturer des Pokémons, pour me changer les idées...