Sinon y a des jours comme ça où ça me saute à la gueule :
" T'AS TOUT PERDU !! "
Derrière la relativisation, la peur, la détresse, le désespoir, la peine, la haine, le malheur, les maux terribles du coeur qui hurle au secours et te rappellent que t'as beau faire la maline avec tes "je suis forte je vais y arriver", la plaie est toujours béante, et saigne, saigne, saigne. Et évidemment la douleur ne s'épanche pas en même temps que les larmes du coeur, non, elle reste. Elle se terre dans la journée, elle se terre quand il y a de la lumière, elle se terre quand je suis avec des amis, quand je vais en cours, elle se terre quand je regarde un film. Mais elle est là, et elle attend le moment propice, elle attend que je sois faible, que je n'aies plus la patience de réfléchir à mon exposé, que je ne saches plus trop quoi faire pour m'occuper, et elle me saute à la gorge. Et puis plus rien. Il n'y a plus rien d'autre à faire que souffrir et faire tout ce que je peux pour respirer, trouver du souffle quand les poumons se bloquent, voir où je vais quand les yeux sont trempés de larmes, relativiser quand mon cerveau me répètes sans se lasser, écoutant les paroles de mon coeur : "t'as tout perdu, t'as tout perdu, t'as tout perdu". Je suis faible. Je n'ai plus de force.Tout mon être hurle en dedans. J'aimerais hurler aussi. Mais je n'en ai même plus la force. Tout s'envole, tout s'évapore. Ma volonté est inexistante. Y a plus de volonté. Y a plus d'envie. Y a plus d'espoir. Juste une douleur. Et ça fait mal, mal, mal. C'est si dur de s'inventer une vie. De se forcer à être ce qu'on n'est pas. Pour rien qui plus est. Pour rien. J'ai bonne mine avec mon Amour inconditionnel et mon courage à deux balles ! J'ai bonne mine quand je prends conscience de la stupidité de la chose et de son incompatibilité avec la réalité ! Il y a une partie de moi qui ne comprend pas le concept d'Amour inconditionnel, il y a une partie de moi qui souffre, une partie amputée de sa moitié, une partie que je suppose être mon coeur, qui crie à tout rompre parce qu'on vient de la casser en deux et qu'elle sait que tous les beaux discours n'y feront rien ! Il rigole bien mon coeur quand je m'entête à lui dire que tout va s'arranger, qu'on va être amis avec Raphaël, que la vie est belle et qu'on doit aller de l'avant ; il le sait lui que je me voile la face ; il le sait que ça ne m'a jamais réussi de me faire des films ; il sait que j'ai tout perdu et que notre vie n'a plus de sens. Et, armé de douleur, il attend une faiblesse de ma volonté, une faiblesse des médicaments, une faiblesse de mon peu d'espoir et il hurle en les énumérant le nombre de conneries que j'ai pu déblatérer, il me les rappelle une à une et me fait crouler sous leur poids.
Alors me voila qui écrit un article venant contredire le précédent. Parce que Tristelune est un être d'amour, mais qu'elle a perdu le sien. Et ce soir elle va aller dormir tôt, et avant de dormir elle priera bien fort son coeur de la laisser en paix, et espérera fermer les yeux pour toujours. Parce que demain je sais que ça va recommencer : je me lèverai, pleine de bonne volonté, j'y croirai, pleine d'espoir que je serai, je me dirai que j'ai été bête ce soir et que tout n'est qu'une question de volonté et de temps, que je sais que j'ai en moi la force de le faire, et qu'en effet je serai heureuse. Pour moi, juste pour moi, moi, moi, moi, moi... qui ne sais même plus qui je suis. Et dans quelques jours le sanglant désespoir de mon coeur reviendra et me noiera de l'intérieur.
Mais sinon moi ça va ; j'ai juste besoin d'un