Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
– Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Comment cet homme a-t-il fait pour trouver les mots et les combiner de si jolie façon qu'ils touchent nécessairement le coeur de chacun ? Tout ce qu'il exprime dans ses poèmes est tellement vrai, tellement magnifiquement vrai... jusque là, aucun poète ne m'a jamais parlé autant que Baudelaire, et pourtant on m'en a conseillé de bons. Mais jamais d'aussi bon que lui.
Dire qu'à la base je voulais faire un article traitant de mon amour pour les orages... chaque fois il faut qu'un vers me revienne en tête et que j'opère la digression du siècle... ah ! Baudelaire, quand tu nous tiens !
Dire qu'à la base je voulais faire un article traitant de mon amour pour les orages... chaque fois il faut qu'un vers me revienne en tête et que j'opère la digression du siècle... ah ! Baudelaire, quand tu nous tiens !